LE FESTIVAL
Édito
Prima l’opera
Prima le parole ? Prima la musica ? Plus de querelle sur la primauté des paroles ou de la musique. Cette année, Mars en Baroque a choisi : ce sera « Prima l’Opera », de l’opéra avant toute chose !
L’Opéra de Marseille fêtant son centenaire, il était naturel d’y présenter le tout premier chef-d’œuvre du genre, l’Orfeo de Monteverdi, universellement connu et pourtant jamais donné dans la cité phocéenne. Il fallait aussi remonter plus loin, aux sources de la passion des marseillais pour le chant et la scène. C’est en 1685 que Pierre Gaultier crée, avec la permission du tout-puissant Lully, le premier opéra de province, « Le Triomphe de la Paix », opéra en trois actes précédés d’un prologue. Au Musée d’Histoire de Marseille, un concert sera donc consacré aux premiers fastes de l’opéra baroque français autour de la figure de Gaultier « de Marseille » (ainsi surnommé, bien qu’il soit né à la Ciotat). Mais l’opéra n’est pas né en un jour. C’est dans le riche répertoire des cantates du premier baroque, terrain d’expérience pour la grande forme, qu’est allé chercher l’ensemble italien Dolci Accenti pour son programme « amoureux ». Nous plongerons aussi au cœur de l’opéra baroque avec le concert de la grande Roberta Mameli. Accompagnée avec fougue par le Concert de l’Hostel Dieu, elle déploiera tout son talent pour incarner avec passion un programme rare autour de la figure d’Hamlet. Quant au merveilleux Rémy Bres, contre-ténor marseillais à la carrière internationale, il consacrera son concert au triomphe de cette voix si particulière qui s’imposa particulièrement sur les scènes anglaises. Entre ces moments dédiés à la voix, Mars en Baroque a ménagé quelques merveilleuses respirations instrumentales. La flûte de Lucie Horsch par exemple, accompagnée par le jeune et talentueux Justin Taylor, incarnera une autre vocalité, celle que recherche tout bon instrumentiste. Le public pourra aussi passer une heure avec le plus « opératique » des compositeurs pour clavier, Georg Friedrich Haendel. L’opéra fut aussi un terrain d’émancipation pour les femmes. Mais ce n’est pas à travers lui que le festival rendra hommage à la figure féminine. Les Voix Animées sont allées chercher plus loin, au XVIème siècle, entre autres avec la passionnante Maddalena Casulana, tandis que le programme de l’ensemble Una Corda sera plus transversal et sacré. Concerts, conférences, balades urbaines : c’est à plus d’un mois de festivités musicales que vous invite Mars en Baroque.
Jean-Marc Aymes et Romain Bockler, directeurs artistiques
Mars en Baroque
Un festival autour des esthétiques baroques, curieux, gourmand d’expériences et de rencontres, qui a hâte de partager avec vous sa passion pour ce répertoire.